Le circuit de la PGA s’arrête cette semaine dans la région de Los Angeles et ce sans interruption depuis 1926! Ce sera la 55e fois de suite qu’un tournoi de la PGA sera tenu au Riviera Country Club. L’une des raisons de ce beau succès demeure sans aucun doute la qualité indéniable du parcours qui est année après année, d'ailleurs, l’un des favoris des joueurs du circuit.
Ce parcours est le résultat d’un travaillé acharné entre deux hommes très respectés de l’époque, soit l’architecte George C. Thomas et son homme de terrain, William P. Bell. Peu après avoir complété la construction d’un parcours à Bel-Air, situé à proximité et très bien reçu par la critique, Thomas se fait offrir de dessiner le parcours de Riviera. Tout d’abord peu impressionné par le site relativement plat situé au fond d’un canyon, tout au bas des Santa Monica Mountains, il accepte. Mais à la condition de pouvoir engager son compatriote Bell pour superviser les travaux et, surtout, à la condition d’avoir le contrôle complet du budget de construction.
Le résultat est surprenant! Pendant près de dix-huit mois, Thomas et Bell utilisent tous les types de machineries disponibles à l’époque pour travailler le site et le transformer en chef-d’œuvre d’architecture stratégique. Des quantités imposantes de terre furent déplacées pour créer les ondulations qui marquent aujourd’hui le parcours. L’exemple le plus frappant de tout ce travail est sans aucun doute le vert du trou no. 18, vert que Thomas et Bell ont aménagé en un gigantesque amphithéâtre où des milliers de spectateurs se massent pour suivre la fin du tournoi. Tout le matériel généré par ce travail titanesque pour l’époque, se retrouve aujourd’hui sous les verts des trous 2 et 9, ainsi que sous les tertres des trous no. 3 et 10, tous situés à proximité. Aujourd’hui, le travail a l’air si naturel qu’on pourrait croire que le tout était là initialement.
Une architecture hors-pair
Qu’est-ce qui rend donc ce parcours si intéressant? Sans aucun doute la qualité de son architecture.
Thomas et Bell ont créé des trous uniques et imaginatifs en s’inspirant de ce que leurs compatriotes architectes avaient fait de mieux sur la Côte Est du pays. En effet, avant de venir s’établir sur la Côte Ouest en 1919, Thomas avait visité l’ensemble des meilleurs parcours de golf à l'Est, tout en fraternisant avec les architectes qui les avaient créés. Ceci a donné lieu à plusieurs trous présentant des éléments peu communs à l’époque et encore audacieux aujourd’hui. Malgré des moyens techniques limités, et grâce à leur imagination fertile, Thomas et Bell ont su transformer un site qui était relativement plat et ordinaire, en un parcours divertissant et stimulant d’un point de vue stratégique.
Une pelouse diabolique
Le parcours du Riviera Country Club est l’un des seuls du circuit, avec celui de Torrey Pines, à présenter une pelouse avec du gazon de type « Kikuyu ». Introduit sur le parcours en 1934, pour stabiliser des pentes fortes, ce gazon s’est par la suite répandu sur l’ensemble du parcours telle une mauvaise herbe indésirable. Après plusieurs années à tenter de l’éradiquer sans succès, le Club a plutôt décider de vivre avec et d’en tirer le maximum. Aujourd’hui, seuls les verts et les tertres de départ sont composés d’autres gazons et la lutte contre l’invasion du «Kikuyu » est loin d’être simple.
Coupée très court, la surface de jeu est très plaisante à jouer puisque les balles sont très bien supportées par les innombrables brins de gazon sous elles. Dans l’herbe-longue, par contre, tout peut arriver! Les mauvaises langues iront jusqu’à dire que ce gazon peut briser des poignets! Semblable à du gazon de type « bermuda » mais avec un grain plus large, le « Kikuyu » est très particulier car c’est un gazon très rigide et qui se répand agressivement à l’aide de rhizomes et de stolons qui contribuent à en faire un gazon demeurant très imprévisible. Dans l’herbe longue, la balle peut s’arrêter au-dessus de brins d’herbes comme si elle était posée sur un tee, mais elle peut tout aussi bien être littéralement engouffrée par l’herbe qui fait presque disparaître la balle.
Un environnement enviable
Le fait que le parcours soit situé au pied des Santa Monica Mountains, à quelques minutes de la plage de Santa Monica et des municipalités de Bel-Air, et Beverley Hills, fait en sorte que la clientèle du Club est bien souvent riche et célèbre. Le plaisir de jouer une partie au Riviera est également agrémenté des divers potins que prennent plaisir à transmettre les caddies sur les nombreuses stars hollywoodiennes membres du Club ou résidant dans les somptueuses résidences qui entourent le parcours au sommet du canyon. Le tout n’a rien à voir avec la qualité du parcours, mais cela rend l’expérience unique en son genre.
Trous à souligner
Le trou no. 4 est une longue normale 3 aménagée à proximité de la paroi du canyon dans lequel est situé le parcours. Le vert est très bien protégé par une vaste fosse de sable qui est située directement dans la ligne de jeu, ce qui fait en sorte qu’il faut obligatoirement la surpasser pour atteindre le vert avec un coup agressif. Cependant, une deuxième option existe pour atteindre le vert d’une manière un peu plus créative. Une allée contourne la fosse de sable à sa droite et celle-ci est aménagée en forte pente de droite à gauche. En frappant un long coup de départ vers cette zone d’allée, il est possible de faire rebondir la balle dans la pente afin de rediriger celle-ci vers le vert sans avoir à attaquer directement la fosse de sable. Cet aménagement rend ainsi le trou intéressant pour tous les calibres de golfeurs car il permet à tout golfeur de jouer son coup de départ en fonction de ses habiletés, tout en ayant une chance d’atteindre la cible. Voilà un bel exemple du génie créatif de Thomas et Bell.
Le trou no. 6 est une autre normale trois qui est devenue célèbre grâce à la fosse de sable située directement au centre du vert. Ce geste architectural hors du commun pourrait facilement devenir problématique pour plusieurs golfeurs, mais la subtilité du nivellement autour de cette fosse élève la qualité de ce trou pour en faire l’un des plus mémorables du parcours. En effet, les pentes du vert sont superbement aménagées pour faire en sorte que les golfeurs sont presque toujours capables de contourner la fosse dans l’espoir de sauver leur normale. Évidemment, un grand vert est nécessaire pour que ce concept fonctionne, mais ceci permet également de varier la manière de jouer le trou jour après jour, dépendant de l’endroit où est positionné le drapeau.
Trou no. 8
Le trou no. 8 est un bon exemple de la variété que Thomas tentait d’implanter dans ses parcours. Disposé de part et d’autre d’un « barranca » (dépression dans laquelle se trouve un lit de rivière à sec) traversant le site, le trou possède deux allées qui forcent les golfeurs à faire un choix pour leurs coups de départ. Peu de parcours possèdent ce type d’élément architectural puisque celui-ci est coûteux et que, généralement, l’une des deux options est plus avantageuse que l’autre. Dans ce cas-ci, le verdict est difficile à énoncer, puisque les deux options présentent des difficultés variables et qu'elles mènent à un vert semblant réceptif aux deux approches. On peut toutefois féliciter le club d’avoir ressuscité cet élément original de l’architecture de Thomas et Bell, dans les années 2000, après l’avoir longtemps abandonné.
Trou no. 10
Le trou no. 10 est sans aucun doute l’une des meilleures normales quatre d’Amérique du nord. D’à peine 315 verges, ce trou cause problème à tous les golfeurs qui y sont confrontés grâce à la configuration de son vert peu profond et très large. Les bons golfeurs qui tentent d’atteindre le vert avec leurs coups de départ se retrouveront bien souvent dans de beaux draps si leur coup de départ termine sa trajectoire dans l’une des fosses de sable l'entourant. Celui-ci est en pente de l’avant vers l’arrière et fait en sorte qu’un coup à partir d'une fosse aura bien de la difficulté à rester sur le vert. La stratégie la plus avantageuse est bien souvent de jouer à court du vert et loin à sa gauche, afin d’avoir un meilleur angle d’attaque pour le coup d’approche.
Beaucoup de monde sera à l’écoute du tournoi cette semaine, et ce sera sûrement pour y voir la suite du retour de Tiger Woods qui a bien fait depuis son retour au jeu. La situation sera tout autre à Riviera où il n’a encore jamais réussi à s’imposer en huit tentatives en tant que professionnel – son meilleur résultat étant toutefois une deuxième place en 1999! Il sera donc intéressant de voir comment il abordera ce parcours inspirant et comment il s'en sortira avec l'herbe longue malicieuse, lui qui n’a pas très bien fait avec ses coups de départ à son retour au jeu.
Pour une description plus complète du trou no. 10, cliquez-ici :
https://golf-ml.com/parcours/un-petit-trou-terrorisant/
Pour la liste des 10 parcours les plus appréciés des joueurs durant la saison de jeu, cliquez-ici :
https://www.golfdigest.com/gallery/photos-best-tour-courses
Pour une superbe description complète du parcours, cliquez-ici :
http://golfclubatlas.com/courses-by-country/usa/riviera-country-club/
Yannick Pilon Golf © 2018
Yannick Pilon
Pour ceux que ça pourrait intéresser, le vert du trou no. 6 du Riviera Country Club est très bien décrit par Geoff Shackelford sur son site web. Ce dernier est sur place pour commenter le tournoi:
http://www.geoffshackelford.com/homepage/2018/2/14/video-why-the-bunker-in-rivieras-6th-actually-works.html
mlefebvre
J’ai eu la chance d’être bénévole durant le Genesis Open 2018 au Riviera Country Club (j’étais au 17è trou) et je peux vous confirmer que c’est un magnifique terrain de golf. En fait, c’est un des plus beaux terrains que j’ai eu la chance de voir et j’en ai vu plusieurs. La qualité du gazon; départs, allées et verts était absolument impeccable partout. C’était tellement parfait que ça ressemblait à du gazon artificiel ou à un tapis de table de billard (pour les verts).