Montebello – Au départ du 4e trou, tout en hauteur, la vue sur la rivière des Outaouais et la forêt avoisinante impressionne: tout est beauté, même le toit du Château Montebello, qui pointe plus loin au milieu des cimes, ajoute une touche spéciale au portrait. Ce n'est certes pas un tel décor qui prévaut tout au long de la partie de golf mais de telles images rendent le parcours inoubliable.
Il y a quelques jours, l'Association des Clubs de Golf du Québec (ACGQ) tenait son dernier tournoi de la saison sur le terrain de golf Château Montebello, aux portes de la région de l'Outaouais. Nous avons eu l'opportunité d'y participer et pour une première expérience sur ce terrain, dont la renommée a fait le tour du monde, cela en fut une belle, une très belle!
Déjà qu'en arrivant sur les lieux, les bâtiments (le chalet du club entre autres), bâtis en bois rond à l'image du superbe Château Montebello érigé plus bas et qui loge golfeurs et touristes, nous plongent dans une atmosphère différente, une ambiance où l'on sait que l'on jouera plus qu'une partie de golf, que l'on va marcher dans les traces de gens qui, il y a près de 90 ans, ont créé quelque chose d'unique. D'accord, on ne se rend pas au golf pour regarder un paysage ou des bâtisses originales, mais bien pour essayer de jouer sa meilleure partie sur un parcours respectable. Et ce sera le cas, nous en serons même comblés!
Car le golf du Château Montebello en est un de grande qualité, qui a bien vieilli lui qui a ouvert ses allées en 1930, issu des plans de l'architecte de golf réputé de l'époque, Stanley Thompson. D'ailleurs, quand on demande au directeur du club, Sylvain Courcelles, pourquoi on irait jouer son terrain, sa réponse est toute simple: «Pour le design unique de Stanley Thompson», affirme-t-il sans la moindre hésitation.
Effectivement, l'honorable architecte a créé un bijou mais il faut dire que les lieux l'ont sûrement inspiré. Construit à flanc de montagne, le parcours en est un de dénivellations constantes, rendant la partie très, très peu monotone. D'ailleurs, quelqu'un dans notre groupe faisait remarquer que, malgré cet environnement vallonné, on s'étonne de frapper la balle souvent les pieds bien à plat.
Les allées sont en très belles conditions, les verts aussi, la balle mordait sur les surfaces, mais on les aurait aimés un peu plus rapides. Selon M. Courcelles, avec les nombreuses ondulations, ils représentent le principal défi à surmonter pour ramener une belle carte de pointage.
Ce préambule flatteur (il faut quand même dire ce qui en est) vous suggère donc un terrain de golf où beauté et défi se côtoient, mais on vous parlait aussi d'images qui restent gravées. On ne décrira pas chacun des 18 trous (une normale 70 à 6308 verges des jalons arrières), sauf qu'on ne peut éviter de signaler le neuvième. Et justement, est-ce un trou de golf ou un ravin? Il y a un tertre de départ et, 180 verges plus loin, un vert. Entre les deux, un énorme trou! Sur le départ, devant nous, il y a une falaise, un immense mur rocheux sur lequel flotte discrètement le fanion du trou. Impressionnant!
Un riche passé
En somme, le parcours de golf Château Montebello vaut vraiment la peine d'être joué au moins une fois dans sa vie, pas seulement pour le plaisir de pratiquer son sport favori dans un décor formidable, mais aussi pour profiter du secteur environnant, à commencer par un séjour au fameux château. Le bâtiment, original à souhait, vous en mettra plein la vue. Construit en bois rond au début des années 30, il s'agit d'un véritable chef-d’œuvre signé Victor Nymark, un architecte qui a étudié en Finlande et qui s'est inspiré des habitations suisses au pied des Alpes.
Lors de sa création, le club privé s'appelait Lucerne-en-Québec et regroupait de riches industriels. «Certains se sont fait construire des habitations dans le secteur. Vous pouvez d'ailleurs voir quelques-uns de ces beaux pavillons privés tout au long du parcours», précise le directeur Sylvain Courcelles.
Affilié à la prestigieuse chaîne Fairmont, le Château Montebello baigne dans le confort, dans le luxe. Entre autres décos, des peintures historiques de grandes valeurs garnissent les couloirs. Et il y a aussi des gravures et photos sur lesquelles apparaissent certaines personnalités ayant marqué l'histoire puisque le château a déjà accueilli des G-8 et des G-20.
Les activités ne manquent pas sur place avec la majestueuse piscine couverte et le centre de curling, pour ne nommer que celles-ci, mais il y a aussi des promenades dans le village même de Montebello, baigné par la rivière des Outaouais. Manoirs imposants et coquets cottages anglais s'élèvent ici et là et abritent des chambres d'hôtes ou des restos de bon goût.
Alain Chaput
Si je peux me permettre quelques corrections:
Le golf du Seigniory Club (Lucerne-in-Quebec association) a ouvert ses portes en 1931, pas 1930.
L’architecte du Château n’est pas Victor Nymark mais bien le professeur Reed du MIT aux États-Unis. Nymark était un des contremaîtres de chantier.
Le trou #9 est l’oeuvre de John Watson (1991), pas Stanley Thompson. Le vert original du 9 était situé à droite et c’est suite aux plaintes du propriétaire de la maison située à proximité que le vert fut relocalisé. Certains aiment, d’autres détestent. Chose certaine, Thompson n’aurait jamais fait ce changement…
D’ailleurs, l’œuvre de Thompson a été considérablement altérée au fil du temps, entre autres à cause du déluge du 21 août 1952 lorsque les trous 6, 8, 13 et 14 ont été complètement ravagés.
-ac