Métis-sur-Mer – Sur les hauts versants bordant le fleuve, là où débute la Gaspésie, il nous a été donné, il y a quelques jours, de remonter le temps! On s'est même retrouvé comme dans un espace parallèle, hors du temps, hors des normes habituelles des parcours de golf, bref on s'est retrouvé au club Cascades pour y vivre une expérience de golf différente, unique et oui… mémorable.
Vous le savez, depuis le début de la saison, nous partons découvrir ou redécouvrir des terrains de golf de la province et voilà que récemment nous avons pris la route vers Métis-sur-Mer, ce petit patelin avec le majestueux fleuve en toile de fond et où une riche communauté anglophone s'est installée vers la fin des années 1800. Et ces gens-là y ont construit un terrain de golf en 1901, terrain que nous avons eu la chance de jouer et où l'on s'est vraiment senti en 1901, justement.
«Les membres du club souhaitent garder cette atmosphère, rester dans les traditions, ici au club Cascades», d'expliquer le directeur Henri Leclerc qui nous accueille. «Quand j'arrive ici, je me sens bien. C'est zen! On dirait que l'endroit invite à la détente, il n'y a pas de stress. C'est comme si subitement on oublie internet et toute l'agitation de la vie actuelle.»
Après s'être cordialement donné du coude (en ces temps de pandémie, on oublie la poignée de mains), il nous fait remarquer l'absence d'asphalte sur les sentiers.
«Vous voyez, lance-t-il, les chemins sont toujours sur le gravier. C'est voulu, c'est pour garder l'ambiance des débuts. Les membres sont très exigeants à ce niveau, ils tiennent aux moindres détails. L'an passé, la cabane des cadets a été totalement rénovée. Et bien cela s'est fait en gardant exactement la même allure qu'elle avait lors de l'ouverture du club il y a près de 120 ans.»
L'endroit s'appelle Cascades Golf and Tennis. Comme l'a mentionné Henri Leclerc, c'est zen comme place, c'est tellement différent qu'on se croirait ailleurs sans trop savoir où. Ici et là, des jeunes, nonchalants, s'adonnent au tennis ou traînent sur les sentiers s'immisçant à travers les différents bâtiments et installations. D'autres déambulent sur les allées, relaxes et nullement pressés, pendant que des adultes roulent ou marchent sur le terrain de golf tous aussi insouciants, nous semble-t-il, que les plus jeunes.
Toutes ces personnes font partie des troisième et quatrième générations de gens aisés qui ont choisi Métis-sur-Mer comme lieu rêvé de villégiature pendant l'été. Grands-parents et petits-enfants y séjournent toute la saison chaude pour la plupart pendant que les parents débarquent de temps à autres pour quelques jours ou semaines, entre deux périodes de travail ailleurs.
Et ce ailleurs, précise Henri Leclerc, c'est 50% le Canada anglais, 30% les États-Unis et 20% l'Australie, l'Angleterre, l'Afrique du Sud et autres régions lointaines.
Ultra-privé…
Lors de notre passage à Métis-sur-Mer, compte tenu de la Covid-19, l'endroit était pratiquement désert. Les frontières étant fermées, les habitués étrangers n'ont pu gagner les rives du fleuve cette année. C'est ainsi qu'en l'absence de membres, il nous a été possible d'accéder au salon principal du clubhouse.
Et voilà que l'on replonge dans le passé. Aux murs, des tableaux d'honneur où les noms des différents présidents et présidentes ayant siégé à la tête du club y sont affichés, tout comme les gagnants des différents tournois dont le championnat annuel. Et justement, quand le trophée remis au champion porte le nom d'un membre fondateur bien connu pour avoir lancé une gigantesque brasserie canadienne renommée, on constate qu'un seul de ces membres pourrait transformer ce club et en faire un nouveau au goût des années 2000.
«Mais non, répète Henri Leclerc, les membres souhaitent maintenir ce cachet particulier et vieillot. C'est un club ultra-privé qui a été fermé aux visiteurs pendant 100 ans. Si les gens non membres peuvent venir jouer ici ces dernières années, ce n'est nullement parce que le club connaît des problèmes financiers. C'est simplement par respect pour la communauté locale, pour garder un bon voisinage avec les gens des environs.»
Pour une trentaine de dollars, en après-midi seulement, les visiteurs ont accès au terrain de golf. Ce que nous avons donc fait.
«Vous allez voir, insiste Henri Leclerc avant que l'on s'élance, ce n'est pas un terrain commun. C'est l'architecte Charlie Murray (à qui l'on doit des terrains tels Kanawaki ou encore Withlock) qui a signé ce parcours. Il fallait le faire! Avec les moyens de l'époque, dessiner un tel terrain représentait un bon défi. Je crois même qu'il fallait être visionnaire.»
C'est ce que nous avons finalement constaté dès les premiers trous. La configuration du site en général devait grandement compliquer les choses à cette époque. Mais cela a tout de même donné un beau lay out, un parcours avec des trous originaux offrant un bon défi.
Avant de fouler les allées, on vous remet un plan sommaire des lieux, question de suivre les bons trous les uns après les autres car aucune affiche ou pancarte indique les trous, ce qui est assez courant, d'ailleurs, lorsqu'on a affaire à des clubs très privés créés dans un passé lointain. Et ce plan nous guide bien.
En ces temps d'absence de pluie, les allées sont brunes mais les verts, très verts! Les allées sèches ne nous gênent nullement, on a encore davantage l'impression de se retrouver au début des années 1900.
C'est très rustique comme endroit. C'est une normale 70, avec deux par 5 seulement, et on ne s'ennuie pas. Quelques trous demandent toute notre concentration. Lors de notre partie, le brouillard surplombait le fleuve, alors on a raté quelques beaux points de vue (notamment sur le tertre du 5e trou), mais le paysage en général ne déçoit pas.
Ce fut donc une belle ronde de golf que l'on recommande si vous passez dans le coin. Car, comme le dit M. Leclerc: «Plus je joue ce terrain, plus je l'aime! C'est superbe de se retrouver comme sur une autre planète, dans un autre monde!»
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Murray Henley
Des allées non irriguées et bien sèches… Quel plaisir de frapper des drives qui ne vissent pas dans la bouette en tombant!
Comme pour les pros de la PGA, ça doit faire du bien de frapper des drives qui roulent 40 ou 50 verges après avoir touché le sol.
Il y a certains clubs où l’on voit le système d’arrosage des allées fonctionner pendant qu’il pleut. Le résultat : des zones saturées d’eau qui doivent être encerclées « en réparation ».