Localisé à Southport, au nord de Liverpool, le Royal Birkdale Golf Club est l’hôte, cette fin de semaine, d’un dixième Omnium Britannique. L’un des dix parcours faisant partie de la rotation de clubs qui se partagent l’honneur d’accueillir l’Omnium au fil des ans, celui-ci est considéré comme étant l’un des plus jeunes à accueillir l’événement puisqu’il n’est l’hôte du tournoi que depuis… 1954!
Fondé en 1889, ce n’est qu’en 1922 que le parcours actuel prend véritablement forme après avoir occupé deux autres sites à proximité, dans des configurations différentes. De manière passablement unique, trois générations d’architectes ont travaillé sur le parcours. Mais la majorité du parcours actuel semble le fruit du travail de Frederick G. Hawtree et du golfeur J.H. Taylor. Lors de leur planification, ils ont majoritairement situé les trous au centre de vallées qui séparent de larges dunes faisant en sorte que le parcours est aujourd’hui très propice aux spectateurs. Ceux-ci bénéficient de vues hors pair sur le parcours.
Par la suite, des améliorations ont été faites au parcours dans les années soixante par le fils de Frederick G. Hawtree, Frederick W. Hawtree, et plus tard en 1993, alors que le fils de Frederick W, Martin Hawtree, a procédé à la reconstruction de tous ses verts.
Aujourd’hui, le parcours semble apprécié des joueurs professionnels américains, puisque celui-ci est relativement plat comparativement aux parcours typiques de l’Omnium Britannique. Ceci fait en sorte que plusieurs d’entre eux croient passablement en leurs chances de gagner, malgré le fait qu’ils ne soient généralement pas aussi habitués aux parcours de type links comparativement à leurs compatriotes du circuit européen.
Allées plates et étroites
Le parcours est majoritairement plat, ce qui fait en sorte qu’une des particularités intéressantes des parcours de type links y est presque totalement absente, soit celle d’avoir des allées ondulées causant des bonds et des positions d’adresse variées influençant grandement les coups d’approche. Plusieurs connaisseurs considèrent que ceci constitue la principale faiblesse d Royal Birkdale. Par contre, leur étroitesse rend le parcours difficile puisque des coups de départ hors ligne se retrouveront rapidement dans la fétuque qui enveloppe étroitement chacun des trous.
Trous coudés pour contrer la puissance
On l’a vu récemment à l’Omnium Américain tenu à Erin Hills : même si les parcours de championnat sont de plus en plus longs, les golfeurs sont si puissants qu’ils parviennent tout de même à obtenir des pointages très bas dans les bonnes conditions. À 7156 verges seulement, le parcours du Royal Birkdale fait figure de petit frère face aux 7600 verges d’Erin Hills. Pourtant, le Royal Birkdale résiste bien à la puissance des joueurs grâce à plusieurs trous coudés forçant les joueurs à user de prudence et de stratégie en gardant leur décocheur dans le sac, au profit de bois d’allées ou même de longs fers pour rester en jeu sur les coups de départ.
Les allées étroites et coudées font en sorte que les longs cogneurs doivent avoir une précision exemplaire et un contrôle des trajectoires extraordinaire pour rester dans les allées en diagonale, lorsqu’ils tentent de couper les coins en vue d’obtenir un avantage sur les coups d’approche. Voilà une bonne manière de limiter la puissance des golfeurs en cette ère où plusieurs parcours deviennent désuets pour la tenue de grands tournois, à cause de leurs longueurs souvent jugées trop courtes.
Des allées rasées jusque dans les fosses
Au Québec, et dans la grande majorité des parcours en Amérique du nord, les fosses de sable sont bien souvent à l’écart des allées et séparées d’elles par une bande bien établie d’herbe longue. Cela contribue à ralentir les balles avant qu’elles n’atteignent les fosses. Sur la grande majorité des parcours écossais et irlandais, on minimise plutôt la dimension des fosses qu’on aménage en petits « pot bunkers », mais on prend également soin de les aménager dans des dépressions tendant à y faire rouler les balles comme dans un entonnoir. Le tout est amplifié par le fait que l’on rase les allées jusque dans les fosses. Ceci faire en sorte que l’influence réelle de ces fosses est bien plus grande que leurs dimensions ne semblent l’indiquer.
Le vent : un facteur déterminant
Comme la majorité des parcours de type links situés en bord de mer, le vent peut y être très fort et variable. Si le vent souffle avec force, il deviendra très difficile de garder les coups de départ dans les allées étroites. La prudence sur les coups de départ viendra compliquer la tâche des golfeurs qui auront alors des coups d’approche beaucoup plus longs à effectuer pour atteindre les verts bien protégés.
En 1998, Tiger Woods, alors dans la course pour le championnat, y joua une troisième ronde de 77, alors que plusieurs autres golfeurs, victimes du vent, affichèrent des scores au-dessus de 80! C’est donc dire que le parcours peut se montrer difficile à dompter.
Ce qui est intéressant, par contre, c’est que le parcours possède un agencement de trous dans lequel ceux-ci changent constamment de direction. Ainsi donc, peu de joueurs peuvent se dire victime d’un désavantage indu causé par un vent dominant, affectant de manière soutenue leur style de jeu. Cela pourrait être le cas sur un parcours comme à St Andrews, où les trous se succèdent souvent dans la même direction, mais pas au Royal Birkdale.
Trous à souligner
Le trou no. 1 est l’un des plus difficiles du parcours. Avec un hors limite à la droite, les golfeurs auront tout intérêt à se tenir du côté gauche de l’allée d’où ils pourront, peut-être, voir le vert sur leurs coups d’approche. Pour ce faire, cependant, ils auront à négocier avec une petite fosse très bien positionnée en bordure du côté gauche de l’allée et derrière laquelle se dresse un monticule obstruant la vue du vert. Ce dernier est, pour sa part, positionné derrière un autre monticule situé du côté droit de l’allée, donnant ainsi l’illusion que le trou est doublement coudé : d’abord vers la gauche, et ensuite vers la droite.
Le trou no. 6 est un bon exemple de l’effet des trous coudés pour contrer la puissance des joueurs. Ici, tenter de couper le coin du coude est une épreuve périlleuse que peu de golfeurs oseront. Ceux qui tenteront l’expérience seront confrontés à une fosse de sable judicieusement positionnée dans le coin intérieur du coude. Le problème ne sera pas tant la distance à franchir pour surpasser cette fosse, que l’angle de l’allée très prononcé une fois passé le coin du coude. Celle-ci étant peu réceptive, les balles risquent de finir dans l’herbe-longue, laissant ainsi un long coup d’approche dans des conditions difficiles.
La première normale 5 du parcours arrive seulement au 15e trou et elle ne mesure que 542 verges. Le fait que la normale soit de 70 limite les bas pointages sous la normale. Les occasions d’oiselets se seront faites rares, jusque-là, et les golfeurs seront sûrement dans l’urgence d’ouvrir la machine, espérant de finir le parcours en beauté en retranchant des coups à la normale aux trous no. 15 et 17, les deux seules normales 5 du parcours.
Si les golfeurs n’ont pas obtenu d’oiselet au trou no. 15, c’est au dix-septième trou qu’ils obtiendront leur dernière chance. Ce trou ouvre la porte toute grande à cette opportunité puisque le vent dominant y est généralement de dos. Le coup de départ sera crucial, afin de bien le garder dans l’allée coudée à gauche, et une trajectoire de droite à gauche sera favorable sur le coup de départ pour obtenir une chance d’atteindre le vert en deux coups. Une fois l’allée atteinte, le tout n’est toutefois pas gagné puisque le vert est très étroit et bien entouré de quatre fosses profondes. Ses ondulations plus prononcées seront également à surveiller pour les golfeurs aux prises avec de longs coups roulés.
Conclusion
Tous ceux qui me connaissent savent très bien que j’apprécie beaucoup les parcours de type links et que j’en fais abondamment la promotion. Ainsi, je serai évidemment au rendez-vous pour suivre ce tournoi, malgré le fait que le parcours soit peut-être l’un des moins représentatifs de ce style de parcours avec ses allées plates et peu ondulées.
Par contre, ce tournoi demeure, année après année, l’un des plus divertissants de la saison. Les conditions de jeu et les vents forcent constamment les golfeurs à user de stratégie et de doigté pour frapper des coups qu’on voit rarement sur nos parcours nord-américains souvent prévisibles. Toute personne vraiment accro au golf devrait une fois dans sa vie, expérimenter ce type de golf fort amusant. Ce qui est le plus surprenant, c’est que tous ces parcours mythiques sont accessibles aux visiteurs qui font les préparatifs nécessaires.
Pour une description du parcours et des images satellite spectaculaires des trous, cliquez ici.
https://www.theopen.com/TheCourse#!/
Pour une autre description par trou du parcours sur le site web du Club, cliquez ici.
http://royalbirkdale.com/course