Le golf professionnel masculin est maintenant une affaire annuelle. Depuis 2013, la saison de la PGA débute au mois d'octobre. Le terme employé pour décrire cet ajout est «wraparound season». Traduction libre, la saison des chevauchements. Sept tournois composent ce début de saison 2015-2016. Les commanditaires sont au rendez-vous, les bourses sont alléchantes, voilà pourquoi les joueurs s'y intéressent de plus en plus.
La première question qui me vient en tête avec ce chevauchement de saison est : les joueurs vedettes y seront-ils? Peu importe le sport que l'on pratique, on a tous besoin de repos à un moment donné. Recharger les batteries, faire des ajustements techniques ou d'équipements nécessitent du temps et de l'énergie pour bien le faire.
La réponse est oui à cette question. Le golf est devenu une business importante. Les carrières au niveau le plus élevé peuvent être courtes, il faut donc en profiter. La PGA n'a jamais été aussi populaire et le commissaire Tim Finchem a donc instauré cette nouveauté il y a trois ans maintenant.
Au début il y a eu beaucoup de réticence, surtout provenant des meilleurs joueurs au monde qui voyaient cette période comme le bon temps pour prendre du repos et pour préparer la nouvelle saison. Les bourses alléchantes (6 des 7 tournois d'ici à décembre remettront plus d'un million de dollars au gagnant) et la possibilité d'aller chercher des points de classement ont fait changé d'idée plusieurs de ceux plutôt récalcitrants en 2013.
Un bon début
Deux joueurs ont profité de ce début de saison hâtif au cours des deux dernières saisons. En 2013, Jimmy Walker avait gagné le premier tournoi (Frys.com ) et 3 des 15 premières compétitions de la saison. Il a par la suite connu sa meilleure saison en carrière qui l'avait mené jusqu'à une participation à la Coupe des Présidents la semaine passée, en Corée du Sud.
L'an dernier, c'est Robert Streb qui a bien amorcé sa saison. Pour une première fois en carrière, il a pu prendre part au tournoi de fin de saison de la PGA.
Quelques joueurs ont déjà mentionné vouloir imiter Walker et Streb cette année, l'intérêt est donc grandissant sur le circuit de la PGA. Le commissaire Finchem aime entendre et lire ce genre de propos, il croit fermement à ce début de saison qui chevauche deux années.
Côté négatif
Si on regarde l'autre côté de cette saison «wraparound» il n'y a pas que du positif dans cette nouveauté. Pour moi, le danger le plus important est de brûler le produit, de diluer la passion des amateurs de golf. Je crois qu'il est bon de temps en temps de se faire oublier, de se laisser désirer. La NFL le fait très bien. Même les matchs hors concours de la NFL au mois d'août réussissent à attirer l'attention, tellement les amateurs se sont ennuyés de leur sport favori.
Le baseball et le hockey ont de longues saisons, mais se permettent quand même un repos qui crée de l'intérêt lors de la reprise des activités.
Le sport le plus comparable au golf est certes le tennis. Les saisons sont longues au tennis et on cherche un moyen de les écourter. Pas facile puisque les commanditaires en veulent toujours plus. Mais pour le tennis, l'élément important est la santé des joueurs et joueuses. On n'est pas avancé si le prolongement de la saison provoque plus de blessures.
Pour le golf, les blessures ne sont pas un facteur à considérer pour l'instant. La compétition directe avec le football de la NFL dans les mois d'octobre, novembre et décembre ne sert pas bien la PGA. L'évidence est que la NFL est au sommet des ligues professionnelles au niveau de la popularité et le dimanche lui appartient.
Profondeur
Un point en faveur du plus long calendrier au golf demeure la quantité et la qualité d'excellents golfeurs sur la planète. En ce sens, cette saison chevauchée permet aux joueurs arrivant du circuit inférieur (web.com) de participer à ces tournois de début de saison.
Également, la PGA veut profiter du momentum positif qui s'est installé en 2015 sur le circuit. Un vent de fraicheur et de jeunesse qui revigore le sport comme rarement on a vu dans le monde du golf. L'ascension des Spieth, Day, Fowler et cie cette saison, n'a fait qu'ajouter à la popularité du circuit, l'occasion est donc bien choisie pour en profiter.
Premier tournoi
C'est donc en Californie, dans la vallée de Napa, que va s'amorcer la saison 2015-2016 de la PGA. Le tournoi Frys.com ouvrira la saison sur le parcours nord du Silverado Country Club. Plusieurs gros noms y seront pour cette première compétition. Rory McIlroy, Justin Rose, Hideki Matsuyama et Brooks Koepka sont les quatre plus importantes têtes d'affiche, ceux-ci occupant une place parmi les 15 meilleurs au monde.
Dans le cas de McIlroy, il doit remplir une promesse qui avait été faite il y a 3 ans au commissaire Finchem. C'est-à-dire une participation au Frys.com en retour d'une invitation pour un tournoi en Turquie où Rory a reçu un montant intéressant pour y prendre part. C'est d'ailleurs cette même entente que Tiger Woods voulait respecter avant qu'il ne doive subir une autre opération au dos. Tiger ratera le reste de 2015, on le reverra au mieux en janvier 2016.
Et pour McIlroy, voilà une belle occasion de repartir la machine. Une blessure à une cheville lui a fait rater une partie importante de l'été 2015. Il y a plus de compétition pour le premier rang mondial, je m'attends donc à voir un McIlroy plus motivé que jamais. Il a la chance de débuter sa saison avant ses poursuivants, à lui d'en faire bon usage.
Je conviens que le golf étire un peu la sauce avec ce chevauchement de saison. Par contre, je ne me plaindrai surtout pas en tant qu'amateur et passionné de golf de pouvoir regarder les meilleurs au monde s'exécuter encore un peu plus. Alors bonne saison 2015-2016 de la PGA.
Québécois
En parallèle du début de la saison sur le circuit de la PGA, on assiste maintenant aux qualifications pour accéder au circuit web.com. Ce système comporte trois étapes à la fin duquel on remettra des cartes régulières qui confirment une place sur le circuit nord-américain professionnel, tout juste en dessous de la PGA (web.com Tour).
Quelques golfeurs québécois tentent leurs chances cette année. Le Beauceron Max Gilbert est à West Palm Beach cette semaine. Marc Étienne Bussières et Sonny Michaud sont en Alabama tandis que Raoul Ménard se trouve en Caroline du Nord. Tous y sont pour passer à la deuxième étape de ce processus demandant.
Au 19e trou:
– Les États-Unis ont remporté la 11e Coupe des Présidents 15 1/2 à 14 1/2 contre l'équipe internationale. On a eu droit à un spectacle relevé, des matchs enlevants. Le genre de compétition dont on avait besoin! Cet affrontement semblait être devenu un peu trop facile pour les Américains.
– Parmi les records établis en 2015 sur le circuit de la PGA, on retrouve celui du Suédois Fredrik Jacobson qui a joué 542 trous consécutifs sans commettre 3 coups roulés sur un même trou.
– Scott Stallings reprend la compétition après avoir servi sa suspension de 3 mois pour consommation de produit interdit.
– Il y a eu 43 trous d'un coup sur le circuit de la PGA en 2014-2015. Trois joueurs en ont réussi 2 chacun, soit Billy Hurley III, Andres Romero et Brian Harman (les 2 dans la même ronde).
– L'analyste et ancien champion golfeur Johnny Miller est copropriétaire du terrain où a lieu le tournoi Frys.com en fin de semaine.
SAVIEZ-VOUS QUE?
Jason Day a joué 22 rondes consécutives à la normale ou sous la normale à un moment donné en 2015. Il a débuté cette séquence record en juillet lors de l'Omnium Britannique à St-Andrews. Elle a pris fin lors de la troisième ronde du Championnat Deutsche Bank au début septembre, dans la région de Boston.
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