Début d'après-midi, mardi, Max Gilbert venait de compléter son horaire pour l'été en fonction des différentes compétitions qu'il entendait faire… «Dans les minutes qui ont suivi, raconte-t-il, un courriel entrait et tout ce que je venais de planifier tombait.»
De son côté, Marc-Étienne Bussières (photo en manchette)se pointait à son club, le Longchamp, avec son programme de l'été, question de bien planifier avec la direction ses disponibilités comme enseignant et employé à la boutique… «En après-midi, précise-t-il, tout le programme se retrouvait à la poubelle.»
Joueurs québécois dominants sur le CCPT, Gilbert et Bussières devront finalement faire plus d'heures à la boutique de leur club de golf respectif.
Samedi dernier, Max Gilbert revenait au Québec, quelque peu abattu, après avoir échoué lors des qualifications du MacKenzie Tour, le circuit canadien appartenant à la PGA. Il voyait donc le CCPT comme un refuge idéal pour poursuivre son cheminement professionnel cet été.
«Après avoir reçu le courriel annonçant la fin du CCPT, mentionne-t-il, je suis allé voir le pro Mario Fecteau, à mon club de Saint-Georges et, justement, il a besoin d'un assistant cet été. Donc j'aurai au moins cet emploi.»
Rien d'autre
La fin du Circuit Canada Pro Tour laisse un grand vide. Le pro Martin Plante, du club Le Balmoral, rappelle qu'il n'y a pas d'autre équivalent comme circuit, tant au Canada qu'aux États-Unis.
«C'est, dit-il, soit le MacKenzie Tour, soit le web.com Tour ou rien d'autre, car après il ne reste que la PGA. J'ai déjà joué, à une époque, des tournois sur les mini-tours dans le sud des États-Unis. Je me souviens d'une épreuve où mon inscription m'avait coûté 600$ et même si j'avais fini parmi les premiers, avec un très beau 68, une fois toutes les dépenses associées à cet événement, il ne me restait que 100$ net au final!»
Ce dernier trouve qu'il est encore trop tôt pour commenter la situation mais : «Je suis surpris. Surpris que cela s'arrête comme ça, qu'avec un calendrier complété, envoyé aux joueurs, il n'y a plus de suite, que personne ne prend le relais.»
Autre joueur d'impact sur le circuit, le jeune Pierre-Alexandre Bédard, trouve lui aussi très dommage la disparition de ce circuit.
«C'est sûr que c'est un gros trou dans ma saison de tournois, a-t-il exprimé, mais je m'étais déjà engagé avec mon club, Cap-Rouge, pour être davantage présent cet été pour l'enseignement et le travail à la boutique. Et j'entends bien jouer tous les événements de la PGA du Canada, dont trois importants tournois dans la région de Toronto, de même que quelques autres du côté américain.
«Je crois, a-t-il ajouté, que pour plusieurs, comme moi, il faudra maintenant faire davantage de qualifications du lundi sur les gros circuits pour retrouver un niveau majeur de compétition.»
Un gars dédié et dévoué
On ne pouvait écrire à ce sujet sans parler à l'un des pros dominants sur ce circuit à ces débuts d'opération, soit Dave Lévesque du club Domaine Château Bromont. Lui aussi a été surpris mais étant actif sur le comité des joueurs du CCPT, il était quelque peu au fait des problèmes de santé du directeur Jean Trudeau.
«J'espère que d'autres vont récupérer cette business, a-t-il lancé. Car ce circuit a amené de belles choses. Il a permis de créer une excellente relève québécoise. Il y a de jeunes pros qui ont besoin d'un tel niveau de compétition pour poursuivre leur développement.»
Puis il a eu de bons mots pour Jean Trudeau.
«T'as pas idée, a-t-il émis, à quel point tout cela, c'est du travail. C'est une besogne immense, pleine de stress, très exigeante. Jean a toujours été dévoué, dédié à ce circuit et s'il a pris cette décision, c'est sûr qu'il n'avait plus le choix au niveau de sa santé.»
PGA du Québec
Récemment, la PGA du Québec a présenté sa saison de tournois. Selon le directeur, Dominic Racine, tous les membres de son association sont les bienvenus pour ces journées de compétition.
Il est clair toutefois que les bourses associées à ces tournois sont bien en de cela de ce qu'offrait le CCPT.
«Si on nous demande de l'aide et si l'on peut aider, on verra selon nos moyens et notre mandat ce que l'on peut faire, a exprimé M. Racine. Mais il est clair que l'on ne se substituera pas en circuit de compétitions. Nous sommes une association de joueurs.»
En fin d'après-midi, au nom de la PGA du Québec, M. Racine a émis un communiqué souhaitant prompt rétablissement à M. Jean Trudeau.
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