Le 118e US Open est maintenant chose du passé, mais il n'a pas fini de faire jaser. Rien sur la victoire de Brooks Koepka a retenu l'attention. Il est devenu seulement le septième joueur à défendre son titre deux ans de suite comme champion des États-Unis. Par contre, la journée de samedi demeure le sujet de discussion quelques jours encore après la conclusion de ce tournoi.
La troisième ronde de ce championnat majeur a été le théâtre de deux évènements marquants. Deux évènements qui risquent de changer des choses dans le futur. Le sport est à son meilleur lorsque les émotions sont présentes. À l'inverse, je dois dire qu'il peut aussi être à son pire pour les mêmes raisons.
Frustration
Faisons d'abord une mise en contexte pour bien saisir la situation. Après les deux premières rondes disputées jeudi et vendredi, la coupure a été établie à +8 pour les deux rondes de la fin de semaine. Un total très élevé compte tenu de la qualité des golfeurs présents pour ce tournoi joué sur les allées du club Shinnecock Hills de Southampton, dans l'état de New York.
Visiblement, les dirigeants du tournoi (USGA, la United States Golf Association) ont offert des conditions de jeu passablement difficiles aux meilleurs golfeurs de la planète. Parce que oui il est possible de rendre un terrain plus ou moins difficile. La vitesse des verts, l’emplacement des drapeaux, la hauteur des bords d'allées, etc… sont tous des critères ajustables. Et ajoutés à des vents importants, le résultat n'est pas surprenant.
On arrive donc à la journée de samedi, troisième ronde de la compétition avec 67 golfeurs toujours en lice pour remporter ce prestigieux tournoi. Et c'est là que surviennent les deux évènements marquants.
Pendant que la frustration s'accumule pour la majorité des joueurs, certains continuent de garder le moral et tentent du mieux qu'ils le peuvent d'inscrire le meilleur pointage possible. En matinée, Tony Finau et Daniel Berger ramènent des cartes identiques de 66 (-4) au chalet et relaxent pour le reste de la journée.
«Je suis content de ma ronde évidemment, j'ai maintenant hâte de regarder du golf cet après midi et voir les résultats à la fin de la journée», a dit Berger quelques minutes après sa 3ème ronde. On sentait dans sa voix un ton de scepticisme par rapport aux heures qui s'annonçaient.
Point de rupture
Plus la journée avance et plus les conditions de jeu deviennent difficiles. Assurément, les joueurs qui ont terminé leur ronde plus tôt ont œuvré sur un terrain différent que ceux qui s'exécutent en après-midi. Le vent est encore présent et la chaleur aussi. Cette combinaison assèche les verts et certains deviennent presque impraticables, même pour les meilleurs golfeurs au monde.
«Ils ont perdu le terrain», dira le vétéran Zach Johnson quelques instants après avoir complété son parcours. Des propos lourds de sens provenant d'un joueur respecté et habituellement très honnête dans ses commentaires.
Les meneurs qui ont pris le départ au milieu de l'après-midi se rendent compte rapidement que le terrain est devenu extrêmement difficile. On est à la limite de l'acceptable, voire même plus près de l'inacceptable. La USGA est allée trop loin. D'ailleurs, quelques heures après la conclusion de la troisième ronde, ils ont admis leurs erreurs .
Au 13e trou
Et pendant cette troisième ronde mouvementée, est survenu un moment tout aussi surprenant que déplacé. Le gaucher Phil Mickelson, respecté de tous, adulé par certains, a posé un geste qu'il regrettera peut-être longtemps.
Après avoir effectué un coup roulé en descendant qui est passé à la droite du trou, Mickelson s'est mis à courir après sa balle et, avant qu'elle ne descende jusque dans l'allée, il la frappe et la retourne vers le trou. Mickelson vient donc de frapper sa balle alors qu'elle est toujours en mouvement!
Un geste de frustration, un geste anti sportif et, surtout, un geste qui manque totalement de respect envers le sport. C'est un geste inacceptable. Selon les règlements, Mickelson se voit pénalisé de 2 coups supplémentaires. Une bien faible sanction pour un geste aussi important. Mickelson aurait dû être disqualifié. Il ne l'a pas été.
Après coup, en mêlée de presse, il a expliqué qu'il préférait prendre les 2 coups de pénalité au lieu d'aller jouer sa balle dans l'allée. Je ne le crois pas, je pense qu'il a disjoncté pour quelques secondes et il l'a échappé complètement.
Leçons
Dans la journée d'hier, Phil Mickelson a émis un communiqué pour s'excuser de son comportement en fin de semaine. C'était la seule bonne chose à faire à mon avis. On dit qu'une faute avouée est à moitié pardonnée, voilà qui est bien fait de la part de Phil. Le temps arrangera les choses maintenant qu'il s'est excusé. Et pour moi, ces excuses étaient essentielles. Mickelson m'a déçu par sa façon de se comporter.
Ceci étant dit, je comprends très bien la frustration de Phil. Il a voulu passer un message. Il ne l'a pas fait de la bonne façon. Il est capable de bien s'exprimer, il aurait dû agir comme l'a fait Zach Johnson.
Et pour ce qui est de la USGA, je comprends qu'ils ne voulaient pas revoir un gagnant du US Open à -16 (comme Koepka l'avait fait au Wisconsin en 2017), mais y a des limites à vouloir rendre le terrain difficile. C'était ridicule!