«C'est bien beau de préparer la relève mais on fait quoi d'autre, pendant ce temps, pour mettre du monde sur les terrains de golf?»
Cela faisait quelques minutes que Daniel Levasseur écoutait, silencieux, ce que tout un chacun disait autour de la table pour donner son avis sur la situation du golf. Puis il a glissé cette phrase qui n'a pas nécessairement créé un froid, mais qui a quand même ramené tout le monde au point de départ.
Cela se passait après une partie de golf en Floride, il y a quelques mois, partie à laquelle avaient participé quelques pros du Québec, dont certains gestionnaires de club, et des habitués – pour ne pas dire maniaques – de golf. Comme c'est souvent le cas, les difficultés que rencontre l'industrie du golf se sont imposées comme sujet de discussion. Les idées ne manquaient pas, autant en ce qui a trait à l'origine du problème qu'aux solutions.
Sauf que l'intervention de Daniel Levasseur, pro qui a travaillé dans quelques clubs de golf avant de créer sa chaîne de magasins Liquidagolf, a comme mis les pendules à l'heure: «Oui d'accord, a-t-il lancé, la relève, il faut l'assurer, mais on n'est pas plus avancer si pendant ce temps les clubs se vident. Il faut développer la relève mais là, maintenant et tout de suite, qu'est-ce qu'on fait pour garder les golfeurs sur les terrains et en attirer d'autres?»
Fiscalité
Et c'est là qu'il a parlé de fiscalité. Il faut à tout prix, a-t-il insisté, que ce dossier débloque pour aider les clubs à composer avec les transformations que l'industrie connaît depuis quelques années. La fiscalité! On y revient encore et, de toute façon, c'est normal d'y revenir car il s'agit là d'un problème majeur et, en même temps, d'une grande partie de la solution si, bien sûr, on y apporte les correctifs.
Si l'on résume, contrairement à bien d'autres activités de loisirs ou sportives, il n'est pas possible de déduire comme frais de représentation, par exemple, des dépenses faites à un club de golf. Une entreprise qui tente de convaincre des clients acquis ou potentiels sur un terrain de golf ne peut retenir cette activité comme une dépense, mais si cela se passe dans un aréna, dans un stade de baseball ou dans une salle de spectacle… pas de problème. Elle ne peut non plus offrir un repas à ces mêmes clients si celui-ci est servi dans le restaurant du club de golf.
«C'est illogique! Quelqu'un qui prend un repas à mon club ne peut le déduire mais s'il traverse la rue et va dans un autre resto, là, il le peut!», nous avait déjà exprimé Raymond Carpentier, propriétaire du Grand Portneuf, ne cachant pas ainsi sa frustration devant une situation, disons-le, discriminatoire envers les clubs de golf.
«Il y a une certaine injustice face au golf, souligne Daniel Levasseur, car bien d'autres activités sont déductibles alors que les dépenses en golf ne le sont pas. Prenons l'exemple du cinéma canadien ou celui des spectacles: les dépenses pour assister à ces derniers sont déductibles alors que ces mêmes spectacles ont déjà été subventionnés!»
Un rêve pour 2017?
Ce dossier sur la fiscalité est justement LE dossier prioritaire de l'ANPTG, l'Association Nationale des Propriétaires de Terrains de Golf. Des représentations au niveau politique ont été planifiées et d'autres devraient être enclenchées.
Oui, c'est un dossier prioritaire, comme l'est le développement de la relève, mais rappelons que le golf est loin d'être à l'agonie!
«Il y a autant de golfeurs que dans le passé, estime M. Levasseur, mais ces derniers jouent moins. Alors, dans cette situation, les clubs se retrouvent avec un manque d'achalandage et particulièrement les clubs à membre. De plus en plus, les membres remettent en cause leur abonnement s'ils croient ne pas le rentabiliser. La crise actuelle est que les clubs, en cherchant des solutions, se rabattent sur la relève, mais cette solution aura des résultats seulement à long terme alors que le problème est présent et qu'il faut tout de suite agir.»
Et c'est là que ce petit coup de pouce au niveau fiscal aiderait à faire un bon pas dans la bonne direction. C'est un souhait, un rêve pour 2017… Et ainsi, peut-être y aura-t-il plus de tournois corporatifs, plus de rencontres d'affaires, plus de golfeurs et golfeuses souhaitant devenir membres d'un club, en fait plus de monde sur les terrains, tout simplement.
Jerry Seguin
Souhaitons tous bonne chance à l’ANPTG /// c’est un dossier qui traîne en longueur depuis trop longtemps.
Louis Julien
Tres bien article et tres pertinent mais j’aimerais préciser que l agence du revenu du Canada (arc) et son équivalent au Quebec acceptent les frais de repas et consommation payés dans un club de golf…à raison de 50% déductible comme tout repas ou consommation prise avec un client au baseball, centre Vidéotron centre Bell’ , restaurant etc dans le cadre d activités d une entreprise …ie tout le monde sauf un salarié qui n est pas à commission.
Ce qui n est pas déductible…droit d entrée, cotisation annuelle « membership », « bar bill » et le droits de jeux (Green fee) . C est surtout sur ce dernier élément que l association ANPTG et l association à fait son lobby pour le changement législatif.
Louis Julien CPA CA
Associé responsable de la fiscalité
Choquette Corriveau
Martial Lapointe
Merci pour ces précisions, c’est très apprécié.
Francois Mathieu
Le sport du golf vient actuellement en contradiction avec le rythme de vie des gens en 2017. Le golf a 3 caractéristiques: Long, cher et difficile. Et les gens de 2017 recherchent: la rapidité, le pas cher et la facilité. La vie a changée et le golf ne se prête pas à la vie stressante et trépidante d’aujourd’hui. Le golf a déjà été dans un creux semblable vers les années 1975 et la gente féminine a sauvé cette industrie. Les femmes se sont mise à jouer au golf. Ce n’est pas les jeunes qui vont sauver le golf parce que ceux-ci n’ont pas les $$$$ et le temps nécessaire pour pratiquer ce sport. Les jeunes quittent l’école, s’achètent une maison, les enfants, etc.
Il faut se souvenir que lorsque le golf a pris son essor au début des années ’60, la mentalité des couples n’étaient pas comme en 2017. Il n’était pas rare de voir l’homme arriver au club le matin et repartir à la noirceur. Cà n’existe plus de nos jours des situations semblables. L’industrie du golf a ses tords mais la vie aussi a ses tords.
La (es) solution (s) : en marketing il y a des éléments contrôlables mais d’autres incontrôlables. Je ne crois pas qu’il y ait un spécialiste assez fort pour trouver la solution magique. Le temps le dira.
Claude Racine
Est-ce qu’on doit comprendre que le dernier budget Federal de cette semaine n’a apporté aucune autre réponse que ce que nous a précisé M. Louis Julien? Merci pour la pertinence de votre bulletin, M. Lapointe.